Rapport de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les produits phytosanitaires : notre souveraineté alimentaire aux oubliettes.
Le 15 décembre 2023 – Où sont passés les producteurs ? où est passée notre souveraineté alimentaire ? Ce sont les premières questions que se posent les producteurs du Collectif Sauvons les fruits et légumes de France à la lecture de la synthèse du rapport de la Commission d’enquête « sur les causes de l’incapacité de la France à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires ».
Un rapport à l’image des auditions parlementaires qui l’ont précédé, c’est l’impression que donne cette synthèse des travaux de la Commission d’enquête « pesticides » menée par le député de Meurthe-et-Moselle, Dominique Potier. Auditionnées que fin octobre, alors que la Commission d’enquête a commencé ses travaux en juillet, les filières agricoles (dont fruits et légumes, pommes-poires et pomme de terre) avaient été quasi les seules organisations à alerter sur les impératifs de compétitivité, de productivité et in fine de souveraineté alimentaire.
Un constat décalé de la réalité du terrain
Force est de constater, à la lecture de cette synthèse, que ces impératifs premiers de notre agriculture sont passés aux oubliettes, à part une très lapidaire mention d’une « sécurité alimentaire » qui serait compatible avec l’objectif de baisse de 50 % de l’usage des produits phytosanitaires. Ce qui est d’ailleurs faux, puisque depuis la mise en place du premier plan Ecophyto, notre souveraineté alimentaire n’a cessé de s’effondrer. En fruits et légumes, c’est un produit sur deux consommé en France qui est importé !
« Echec collectif, « décennie presque perdue », ces autres constats caricaturaux n’auraient peut-être pas été faits si le rapporteur avait mené sa Commission ne serait-ce qu’une seule fois sur le terrain. Ils auraient pu y rencontrer des producteurs qui jour après jour, se battent contre des ravageurs et maladies, sans solution adéquate. Le fait même de la part du rapporteur de parler « d’impuissance publique » est un comble quand les producteurs sont confrontés à une administration tatillonne et à des décisions politiques totalement incohérentes.
Seul point positif de ce rapport, la dénonciation des concurrences déloyales qui « viennent parfois de nos voisins européens, qui n’appliquent pas la réglementation européenne en matière de recours à la phytopharmacie avec la même rigueur. » A ce détail près que ce « parfois » devrait être modifié en « souvent » puisque les surtranspositions européennes sont la principale difficulté des producteurs depuis des années.
Le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France note enfin que ce rapport est loin d’avoir fait l’unanimité puisque 4 députés se sont abstenus et 4 autres ont voté contre. Alors qu’un plan Ecophyto est en cours de finalisation, il serait peut-être temps de repenser notre politique en ayant comme priorité la compétitivité de nos filières.