La « crise » de la cerise en 2016 : conséquence flagrante d’une décision politique émotionnelle

La lutte contre la mouche Drosophila Suzukii est un enjeu majeur pour la filière arboricole, en particulier pour les producteurs de cerises. En effet, les larves de cet insecte détruisent les fruits, occasionnant des pertes de productions considérables. Jusqu’à ce jour, la principale solution de lutte contre ce ravageur était l’utilisation d’un produit à base de Diméthoate.

En février 2017, l’ANSES a retiré l’autorisation de mise sur le marché de ce produit. Déjà confrontée à une situation météorologique difficile, les producteurs de cerises ont dû au dernier moment trouver des solutions alternatives : neuf traitements au lieu d’un avec des produits de moindre efficacité !!! Résultats : 20 à 30 % de perte en moyenne et plus particulièrement sur les variétés tardives ; un prix record pour le consommateur : 8/9 € du kilo.

Que penser de cet épisode catastrophique ? Même si la crise observée en 2016 sur la cerise n’est pas uniquement due à la suppression du diméthoate, il s’agit d’un exemple type d’un principe de précaution appliqué de manière brutale, sans période préalable pour mesurer les impacts des solutions alternatives.

Et pour l’avenir ? Quel producteur va prendre le risque d’investir ? L’une des principales coopératives du secteur, Sicoly (vallée du Rhône, Coteaux et Monts du Lyonnais), regroupe 80 producteurs de cerises qui font eux même travailler environ 800 saisonniers sur deux mois de l’année. La cerise représente 35% de son chiffre d’affaires. En 2016, Sicoly a constaté un effondrement des récoltes de cerises de 800 tonnes, dont 550 tonnes dues à Drosophila suzukii, sur un potentiel de 1600 tonnes. 1,8 millions d’euros de chiffres d’affaires perdu, soit 20 000 euros par producteur ! Sans compter les pertes sur les petits fruits rouges…(myrtilles, cassis…)

Conséquence ? Les surfaces de production de cerises, déjà en baisse constante depuis 2015, vont probablement connaître une nouvelle chute.

Cerisecrise

Source : http://www.franceagrimer.fr/content/download/48825/468531/file/BIL-CERISE-Camp.2016.pdf