Lancement d’un manifeste pour sauver l’arboriculture française
Communiqué de presse
Le 23 janvier 2024 – Samedi dernier, au cours d’une rencontre organisée par le député Jean-Luc Fugit avec le Premier Ministre Gabriel Attal, Bruno Ferret, arboriculteur dans le Rhône, faisait part de toute l’exaspération du monde agricole français et plus particulièrement des arboriculteurs face à un contexte réglementaire qui les condamne à mettre la clef sous la porte : « à force de laver plus blanc que blanc, [notre agriculture] devient transparente ». Les grandes incantations, les producteurs y sont habitués mais les solutions concrètes de soutien, voire la réparation d’erreurs faites dans le passé, cela devient rarissime. Comme l’ensemble des agriculteurs, les arboriculteurs attendent des actes précis. Ce manifeste présente donc 6 mesures immédiates à prendre qui assurent l’avenir à court terme de notre arboriculture.
Des solutions pour sauver l’arboriculture française. Vite !
Manifeste des arboriculteurs de France à l’adresse du Premier Ministre
Des solutions pour sauver l’arboriculture française. Vite !
Le 14 janvier 2023, il y a tout juste un an, le verger français brûlait. Dans tous les bassins de production, nous, arboriculteurs, déjà au bord du gouffre, alertions sur les arrachages à venir. Ils sont la conséquence de prix de vente trop bas, de distorsions de concurrence liées à des décisions franco-françaises et d’une foule de contraintes administratives toutes plus folles les unes que les autres.
Un an plus tard, et pour la première fois depuis la crise de 1993, il s’est arraché plus de pommiers qu’il ne s’en est planté conduisant à une première diminution des surfaces de vergers de 2 % sur un an. Le déclin est en marche, et la souveraineté à la dérive.
Certes, les prix de vente se sont légèrement améliorés mais ils ne sont toujours pas suffisants pour faire face à la hausse des coûts de production. Une hausse que le rétablissement de la TICFE[1] par Bercy ne viendra qu’accentuer !
Mais pour le reste rien de neuf ! L’espoir de simplification et d’efficacité suites aux annonces de la Première Ministre de l’époque au Salon International de l’Agriculture s’est bien vite perdu dans un dédale de mesures et de plans tous aussi délétères pour nos activités.
Alors que Drosophila Suzukii tue la production de cerises, le Plan de Souveraineté fruits et légumes met un an à accoucher d’une méthode pour orienter les fonds de la recherche. Et que penser de la priorisation à dire d’experts des matériels subventionnables pour l’arboriculture, qui, à de rares exceptions, sont inutiles dans nos vergers, à commencer par une table de tri optique pour…pommes de terres.
Un plan Ecophyto qui vient confirmer l’objectif de baisse de 50 % en volumes de l’usage des pesticides alors que nulle part ailleurs en Europe ce type d’objectif n’existe et que c’est notre souveraineté qui est en jeu.
Et enfin, comme pour masquer son incurie, la France est toujours plus disante sur ces sujets au niveau Européen. L’exemple récent concernant le règlement SUR² est édifiant, massivement rejeté mais pas par notre pays. En interdisant tous les produits phytosanitaires en zone Natura 2000, ce sont 10 % de surfaces de vergers français qui disparaîtront.
Ce ne sont pas de vagues plans à 10, 20 voire 30 ans qu’il nous faut mais des mesures immédiates qui assurent l’avenir à court terme de notre arboriculture. Alors faisons simple :
– Nous demandons à l’échelle européenne le soutien sans réserve de la France pour toutes les démarches de réhomologation des produits phytosanitaires issus de la liste des 75 substances actives menacées tant que des solutions efficaces et déployables en verger ne sont pas mises en marché. Pour qu’enfin le « pas d’interdiction sans solution » soit autre chose qu’un élément de langage !
– Nous demandons le soutien sans réserve de la ré-homologation en plein champ du Captan à l’échelle européenne.
– Nous demandons la ré-autorisation en France comme c’est le cas partout ailleurs en Europe du Sulfoxaflor et de la Flupyradifurone afin de pallier la fin de l’usage du Movento qui nous laisse sans solution contre le puceron.
– Nous demandons que le plan national de rénovation du verger soit doté significativement à hauteur de 10 millions d’€ annuellement et que soient abandonnées sans délai toutes les démarches de régionalisation de ce type de soutien qui ne viendront qu’apporter complexité et inégalité.
– Nous demandons l’accélération et la facilitation de toutes les démarches nécessaires à la création de réserves en eau pour lutter contre le gel et la sécheresse.
– Nous refuserons tous les contrôles concernant les pratiques phytosanitaires tant que les contrôleurs ne disposeront pas du même niveau de formation que nous, à savoir le Certiphyto.
Reconnaitre ses erreurs est une vertu, les réparer grandit leur auteur ! Le temps de la réparation est venu, à vous de jouer Monsieur le Premier Ministre !
[1] Taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité ²Réglement sur l’usage durable des pesticides