Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les produits phytosanitaires : le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France salue les prises de parole des représentants des filières agricoles, et rappelle les mesures indispensables à mettre en place pour éviter les risques de décrochage
Le 25 octobre 2023 – Suite à l’audition hier de représentants de 4 filières agricoles (grandes cultures, fruits et légumes, pomme de terre, pommes-poires), par la Commission d’enquête sur les causes de l’incapacité de la France à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires, le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France se félicite d’échanges qui ont permis de présenter aux parlementaires les réalités de terrain auxquelles sont quotidiennement confrontés les producteurs.
Après de nombreuses auditions depuis juillet dernier, au cours desquelles chercheurs, agences sanitaires, administrations, ONG, militants, etc., ont pu exposer leur point de vue, les députés de la commission d’enquête ont eu l’occasion de toucher aux réalités des filières agricoles. Il était temps !
Dans le contexte d’une France souhaitant toujours plus être le meilleur élève de la classe Europe, les filières ont clairement souligné le risque croissant de décrochage de la ferme France et la disparition de certaines productions (cerise, noisette, endive, etc.). Parmi les facteurs évoqués, et sur lesquels le Collectif ne cesse d’insister depuis des années :
- Le manque de solutions à court et moyen termes pour lutter contre les ravageurs connus et émergeants ;
- Les distorsions de concurrence évidentes en premier lieu avec nos concurrents européens, que ce soit sur les produits phytosanitaires de synthèse ou biologiques, et même sur des solutions de bio-contrôle (substances interdites en France ou devant faire l’objet de demandes de dérogations, et autorisées ailleurs, retards d’homologation, etc.) ;
- Les décisions publiques qui ne tiennent pas compte des impératifs technico-économiques et du principe de bénéfice-risque.
- Le manque criant de moyens dédiés à la recherche appliquée, pour les « grandes filières » comme pour les plus petites.
Les représentants des filières n’ont pas manqué non plus de rappeler que certaines décisions politiques récentes d’interdiction de substances phytosanitaires ont été prises uniquement pour des raisons idéologiques et non pour des raisons de santé publique et de protection de l’environnement.
Pour éviter le décrochage et retrouver une souveraineté alimentaire, les représentants des filières ont insisté sur plusieurs mesures d’urgence :
- La mise en place d’une vraie harmonisation européenne afin que les mêmes règles soient appliquées à tous et partout ;
- En France, reconfier au politique la décision de l’autorisation des produits phytosanitaires à l’instar de ce qui se fait au niveau européen (Efsa = analyse de risque ; Scopaff = gestion du risque) et donc revenir sur les dispositions de la loi d’avenir pour l’agriculture de 2014 ;
- La mise en place des moyens efficaces pour la recherche appliquée, qui doit parvenir jusqu’aux producteurs, afin de trouver rapidement des solutions pour lutter contre les ravageurs.
Jusque-là inquiets par des débats prenant une tournure très idéologique, voire même accusatoire, le Collectif Sauvons les Fruits et légumes de France se réjouit que la commission d’enquête se soit enfin penchée sur leur quotidien. Les producteurs appellent le rapporteur Dominique Potier à ne pas considérer cette audition comme une parenthèse mais comme un exposé de la base qu’aucun politique ne devrait ignorer avant de prendre une décision touchant la protection phytosanitaire.