Plan Souveraineté Fruits et légumes : beaucoup de bruit pour… pas grand-chose ?

Le 2 mars 2023 C’est hier matin, devant l’ensemble des filières fruits et légumes que le Ministre de l’Agriculture a présenté son plan souveraineté fruits et légumes. Pour les producteurs membres du Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France, les bases ne sont clairement pas là, ce qui laisse de gros doutes sur sa réussite.

Une échelle à laquelle il manquerait les trois premiers barreaux, c’est à cette image que l’on pourrait comparer le plan de souveraineté fruits et légumes du Gouvernement. 200 millions d’euros par an, un objectif de gain de 10 points d’autonomie alimentaire d’ici 10 ans, etc. Le Ministre a annoncé hier matin des moyens et des objectifs ambitieux, mais auxquels il manque encore et toujours les fondamentaux :

-Dans la continuité du plan « Ecophyto 3 », ce plan considère toujours la suppression de substances phytosanitaires comme un impératif catégorique en nous promettant comme certaine l’arrivée d’alternatives efficaces et économiquement viables. La position du Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France ne varie pas : il est illusoire de penser que ces alternatives seront opérationnelles rapidement. Or, c’est dès maintenant que les producteurs ont besoin de solutions contre les maladies et ravageurs. Il faut donc maintenir les solutions phytosanitaires lorsqu’elles sont homologuées et les rétablir lorsqu’elles ci ont été supprimées, la plupart du temps, en contradiction totale avec le marché commun européen.

-Alors que les fruits et légumes étrangers d’origine UE ou non UE envahissent nos rayons, il est impératif de travailler sur un étiquetage clair de leur l’origine ainsi que sur leurs conditions de production. Il est par exemple inadmissible que des pommes polonaises soient vendues dans nos rayons sans que les consommateurs puissent savoir qu’elles ont été protégées avec des substances interdites en France. Il en est de même pour les tomates marocaines : les règles actuelles de l’étiquetage rendent très difficile l’identification de leur origine. Sur ce dossier, il est d’ailleurs curieux de constater que le gouvernement renvoie au niveau européen une modification de la réglementation, alors qu’il est si prompt à déroger au droit européen.

-La main d’œuvre est l’une des clefs de la compétitivité de nos filières. Le dispositif d’allégement de charges TODE, reconduit de haute lutte en 2018, n’est toujours pas reconduit de manière pérenne, alors même que le gouvernement en avait encore l’occasion il y a quelques mois. Cette condition de compétitivité n’est donc toujours pas remplie.

Si les producteurs du Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France perçoivent (enfin !) une prise de conscience au plus haut niveau de l’impératif de retrouver une souveraineté « fruits & légumes », les annonces d’aujourd’hui les laissent a minima dubitatifs sur leurs effets concrets à court et à moyen terme.