« En matière de produits phytosanitaires, nous respecterons désormais le cadre européen, et rien que le cadre européen » Avec une clause rétroactive Madame Borne ?

Le 28 février 2023 C’est hier après-midi que la Première Ministre Elisabeth Borne a annoncé le lancement d’un nouveau plan Ecophyto avec comme principal axe des « investissements massifs » dans la recherche d’alternatives et l’engagement de stopper les surtranspositions. Des annonces qui laissent les producteurs du Collectif Sauvons les fruits et légumes de France sceptiques quant à leurs applications concrètes.

Il aura fallu une décision de justice européenne mettant au grand jour l’absurdité de notre législation française et une mobilisation syndicale particulièrement importante pour que le Gouvernement ait enfin l’idée de prendre les agriculteurs au sérieux. Mais les annonces de ce « plan Ecophyto 3 » ne peuvent que laisser les producteurs dans l’expectative. Le slogan « pas d’interdiction sans alternative » a été largement partagé lors des dernières grandes échéances électorales. Sitôt celles-ci passées, les gouvernements successifs se sont empressés de l’oublier et d’interdire l’une après l’autre des dizaines de substances phytosanitaires. Avec son annonce de « respect du cadre européen », Madame Elisabeth Borne revient à ce qui devrait être le cadre réglementaire normal de l’usage des produits phytosanitaires en France.

Par ailleurs, le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France rappelle à Madame Borne que ce cadre européen est le plus protecteur au monde de la santé publique et de l’environnement. Déclarer « Nous ne créerons aucune distorsion de réglementation pour nos producteurs sauf en cas de force majeure, quand la santé publique est menacée » sous-entend que les décisions européennes peuvent ne pas respecter la santé publique. Est-elle prête à assumer une telle déclaration devant les autres Etats membres de l’UE et devant les autorités sanitaires européennes ?

Respect du cadre européen…avec une clause rétroactive ?

Si les producteurs ne peuvent que souscrire à des annonces d’investissements massifs dans la recherche d’alternatives aux produits phytosanitaires, il est illusoire de penser que ces recherches vont déboucher sur du zéro phyto d’ici quelques années ou même dans 10, 15, ou 20 ans. Surtout, ce temps de la recherche n’est pas celui des ravageurs et des maladies. Comme tous les ans, ceux-ci s’attaqueront aux vergers et aux cultures maraichères dès ces prochaines semaines à la faveur de la chaleur et de l’humidité printanière. C’est donc dès maintenant qu’il faut des solutions pour combler les boites à outils vides des producteurs.

Les producteurs du Collectif Sauvons les fruits et légumes de France suggèrent donc à Madame Elisabeth Borne d’instaurer une clause rétroactive au respect du cadre européen en lieu et place de son « désormais » qui arrive pour nombre de cultures bien trop tard. Contre le puceron cendré pour lesquels seuls les producteurs Français de pommes se trouveront démunis en 2024, c’est-à-dire demain, il est par exemple urgent de rétablir l’acétamipride dont l’usage est autorisé en Europe. Après les belles paroles d’hier, place aux actes Madame Borne !