Mobilisation agricole : le gouvernement ne pourra faire l’impasse sur le dossier phytos

« Rien n’a changé »,  ce constat que nous entendons sur les exploitations, le Collectif Sauvons les Fruits et légumes de France le partage à 100 %. Si certaines des revendications portées par le mouvement agricole sont d’ordre conjoncturel (mesures sanitaires de lutte contre les épizooties, aides suite aux mauvaises récoltes en grande cultures, etc.),  la plupart ne sont pas nouvelles : poids des normes, contrôles administratifs abusifs, accords de libre-échange, restrictions sur l’accès à l’eau, manque de solution phytos, etc.

Sur ce dernier point, le communiqué récent de la filière noisettes vient nous rappeler l’absurdité de la politique française qui va totalement à l’encontre de nos objectifs de souveraineté alimentaire (pour rappel : gagner 5 points de souveraineté en fruits et légumes dès 2030 et enclencher une hausse tendancielle de 10 points à horizon 2035). Ainsi, cette filière, parce qu’on lui interdit de protéger ses cultures (contrairement à ses homologues européens italiens et espagnols) a vu cette année sa récolte divisée par 2. Oui Madame Genevard, notre politique phytosanitaire est en passe de tuer toute une filière. Et pourtant, les alertes sérieuses n’ont pas manqué. Les surfaces de blé sont en baisse constante du fait notamment du manque de solutions phytos face aux maladies fongiques qui explosent avec le réchauffement climatique. Il en est de même pour la filière viticole qui a subi encore cette année les attaques de mildiou sans pouvoir réagir.  Combien d’autres filières sont fragilisées parce qu’elles n’ont plus à disposition les outils adéquates pour protéger leurs cultures ?

Les gouvernements précédents se sont spécialisés dans les comités Théodule sensés identifier les impasses présentes et à venir, et trouver des solutions.  Où en est-on aujourd’hui ? Rien n’a avancé. Le projet de loi souveraineté agricole dont on annonce la reprise des discussions en décembre au Sénat omettant sciemment la question phytos, le dossier devra être abordé tôt ou tard et de manière radicale : annulation des surtranspositions françaises, reprise en main par le politique des autorisations de mise sur le marché des produits phytos (à l’instar de ce qui se fait au niveau européen pour les substances phytos), abrogation de la séparation du conseil et de la vente). Madame la Ministre, parce qu’aucun de de vos successeurs n’a eu le courage s’attaquer au problème, il va falloir agir, et vite , sous peine d’un décrochage agricole dont nous ne nous relèverons pas.