Crise agricole : Madame la Ministre, il faut revoir les priorités législatives !

Le 23 septembre 2023 Alors qu’Annie Genevard vient d’être nommée ministre de l’agriculture, le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France l’appelle à revoir les priorités législatives agricoles pour ces prochains mois.

Adopté en mai dernier à par l’Assemblée nationale, le projet de loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture a été stoppé net dans son parcours législatif par la dissolution de l’Assemblée nationale. Nous l’écrivions début mai : après de très nombreux mois de concertation, le texte proposé par le gouvernement était particulièrement décevant : aucun traitement de la question de la compétitivité ni des surtranspositions, enjeu de l’eau partiellement abordé, traitement très partiel de l’enjeu de la « souveraineté alimentaire », etc. Le gouvernement a mis tout en œuvre pour bloquer les initiatives positives en considérant de nombreux amendements comme « irrecevables ».

Un contexte productif qui amène à revoir les priorités

2024 est hélas la parfaite illustration de ce qui nous attend ces prochaines années. A 62 quintaux par hectare, la récolte de blé atteint son plus bas niveau depuis le début des années 80 : 26 millions de tonnes en blé tendre. Et ce n’est pas « juste » un accident de parcours : depuis 2015, les rendements comme les surfaces en production sont en baisse. Comme en fruits et légumes, les grandes cultures subissent de plein fouet les surtranspositions sur les substances phytosanitaires, la France interdisant là les autres Etats membres de l’UE autorisent, devançant l’interdiction là où les autres états membres autorisent jusqu’à la date limite d’autorisation de mise sur le marché.

L’autre catastrophe en cours touche le vignoble français : notre production viticole 2024 est estimée à 39,3 Mhl, en recul de 18 % par rapport à l’année dernière. Aucun vignoble n’est épargné par le mildiou : Bourgogne-Beaujolais, Bordelais, Charentes, Val de Loire, etc., avec des baisses de rendements qui atteignent 30%. Même les cépages résistants ont subi les attaques. Si les conditions climatiques sont évidemment en cause, la France et l’Europe ont elles-mêmes programmé le désarmement des viticulteurs face au mildiou : les fongicides CMR 1 sont interdits ; les viticulteurs font face une pression constante pour une plus utiliser les fongicides CMR 2. Il ne reste plus que des substances phytosanitaires qui développement des résistances ou le cuivre (bouillie bordelaise) qui n’ont pas suffi à éviter la catastrophe.

Au-delà des cultures les plus connues, il y a celles comme la noisette qui meurt en silence. La saison 2024 s’annonce particulièrement compliquée, avec une présence de punaises diaboliques en forte hausse, du fait de l’interdiction de l’acétamipride (par ailleurs autorisée chez nos voisins européens).

Revoir les priorités

L’urgence agricole appelle donc à revoir les priorités. Le prochain projet de loi de finances doit permettre de sécuriser une bonne fois pour toutes le dispositif d’allègement de charges TODE, actuellement en vigueur jusqu’en 2026. D’autres dispositions urgentes doivent être traitées par voie réglementaire (sans attendre !) ou législative avant même de continuer les discussions du projet de loi de souveraineté en matière agricole : fin des surtranspositions en premier lieu pour les néonicotinoïdes interdits en France mais autorisés en Europe, révision du rôle de l’Anses sur les autorisations de mise sur le marchés des produits phytosanitaires, révision des dispositions sur l’application des produits phytosanitaires, remise en cause du plan Écophyto, simplification drastique des procédures d’autorisation des retenues d’eau, etc.

Dans un contexte ou la pression environnementaliste ne faiblit pas, le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France encourage donc Annie Genevard à faire preuve d’audace politique sur des décisions à prendre d’urgence et à ne pas céder aux sirènes des discours écologistes qui prétendent avoir la solution miracle pour protéger à la fois la biodiversité et assurer la souveraineté alimentaire. Un discours en réalité décroissant qui n’apporte aucune solution à ces enjeux !