Les mycotoxines en agriculture : toujours le 1er risque pour les consommateurs !
Le dernier rapport de l’Agence européenne de l’environnement (EEA) publié le 10 mars, met en lumière l’impact croissant des mycotoxines dans un contexte de changement climatique. Il souligne les risques liés à la contamination des cultures agricoles et à l’exposition humaine par ces toxines. Les enjeux sont majeurs : notre santé à tous et notre capacité à produire !
Les mycotoxines, des composés naturels mais pas sans risques
Les mycotoxines sont des composés naturels toxiques produits par 5 familles de champignons : Aspergillus, Penicillium, Fusarium et Claviceps et Alternaria. Elles contaminent les cultures agricoles à travers le monde, se retrouvant ainsi dans nos aliments.
Parmi elles, la plus connue est sans doute le déoxynivalénol (DON), produit par les fusarioses, maladies fongiques courantes des céréales. On peut citer aussi les aflatoxines, l’ochratoxine, les trichothécènes, les fumonisines, la zéaralénone, la patuline, la stérigmatocystine, la citrinine, l’acide pénicillique. Pour toutes ces maladies, les conditions humides et les températures chaudes favorisent leur développement, rendant les productions vulnérables aux contaminations.
Principalement présentes dans les céréales et leurs dérivés, mais aussi sur les fruits et légumes, les mycotoxines représentent un risque majeur pour la santé, car elles peuvent persister dans les aliments malgré les méthodes de transformation. Elles sont difficiles à détecter car inodores et sans goût, et peuvent aussi se retrouver dans les eaux de surface et les eaux potables par ruissellement agricole ou traitement inadéquat des eaux usées. Ainsi, les récoltes contaminées peuvent être impropres à la consommation, entraînant des pertes économiques pour les agriculteurs.
Des pathologies graves
Pour l’être humain, l’exposition aux mycotoxines représente un risque important. Celles-ci peuvent perturber le système endocrinien, affecter le système nerveux central et être cancérogènes. Selon une étude du projet européen HBM4EU, 14 % de la population adulte en Europe est exposée à des niveaux de DON susceptibles de nuire à la santé. L’Agence européenne de l’environnement relève un risque élevé pour les jeunes enfants (0 à 3 ans) et les enfants (en dessous de 12 ans) ainsi que les personnes âgées. Bien heureusement, l’agence sanitaire européenne a établi des normes très strictes d’exposition maximum ! (ex pour le DON).
Le réchauffement climatique : démultiplicateurs des risques
L’Agence européenne de l’environnement relève que le changement climatique influence la production et la distribution des mycotoxines en Europe. Les conditions météorologiques extrêmes que nous connaissons de plus en plus, comme les vagues de chaleur et les inondations, favorisent la croissance des moisissures productrices de mycotoxines. Le phénomène accroît le risque d’exposition humaine à ces toxines et amplifie leurs impacts sur la santé.
Des mesures de prévention
Pour l’Agence européenne de l’environnement, des pratiques agricoles améliorées et des technologies de détection avancées peuvent aider à réduire l’exposition : la sélection de variétés résistantes, la lutte biologique, la mise en place de modèles prédictifs, et l’ adoption de bonnes pratiques agricoles peuvent être des stratégies intéressantes.
Cependant, nous rappelons qu’une lutte efficace contre les mycotoxines passe aussi par le recours à une boite à outils diversifiée de produits phytosanitaires ! Ainsi, quand nous entendons des associations militer contre la fin de certaines solutions antifongiques (dernièrement les SDHI) sans bien évidemment aucune alternative, nous ne pouvons que constater leur irresponsabilité face au risque encouru par les consommateurs et les agriculteurs.