Souveraineté Fruits et Légumes : nous sommes loin du compte !

Passée relativement inaperçue, une étude publiée le 9 décembre dernier par FranceAgriMer dresse un bilan détaillé de notre souveraineté fruits & légumes. Et ce n’est pas brillant : de 2003 à 2023, les importations de fruits et légumes n’ont cessé d’augmenter, tandis que les exportations stagnent, révélant une dépendance croissante vis-à-vis des productions étrangères.

Entre 2003 et 2023, les importations de fruits frais tempérés ont ainsi bondi de 25 % – avec une augmentation très marquée (+63 %) des importations en provenance des pays hors UE –, tandis que les exportations ont diminué de 47 %, faisant passer le solde des échanges à  – 597 000 tonnes en 2023. Parmi les filières emblématiques, la pomme illustre bien cette tendance : malgré une production nationale reconnue, la France a vu ses exportations diminuer de 61 %, ce recul étant particulièrement fort vers le Royaume-Uni, l’Espagne et Allemagne.

Du côté des légumes frais, les importations ont également connu une hausse marquée de 28 %, atteignant 2 millions de tonnes en 2023. Parmi les cinq premiers pays fournisseurs, le Maroc a vu ses exportations vers la France doubler en 20 ans (111 % de 2003 à 2023) ! Le secteur tomates en est un exemple frappant :

  • 530 000 tonnes de tomates importées en 2023
  • La part de marché en volume des tomates marocaines dans les importations françaises est passée de 37 % en 2003 à 75 % en 2023 (+139 % en volumes)

Résultat, un accroissement du déficit et une balance commerciale négative : -1,1 Md€ pour les fruits frais tempérés, et -1,5 Md€ pour les légumes frais en 2023.

Pour rappel, le Plan Souveraineté Fruits et Légumes lancé par Marc Fesneau en 2023 avait pour objectif de « gagner 5 points de souveraineté en fruits et légumes dès 2030 et enclencher une hausse tendancielle de 10 points à horizon 2035 ». Certes, le solde des échanges globaux marque une légère inflexion en 2021, mais on est loin du compte ! Peut être parce que les problèmes de fond (compétitivité) n’ont pas été réglés ?