Rapport de l’INRAE sur les alternatives aux néonicotinoïdes : un diagnostic complet et lucide sur les difficultés des filières agricoles face aux ravageurs

Paris, le 29 octobre 2025 – Le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France salue la publication du rapport de l’INRAE, commandé par la ministre de l’Agriculture en mai 2025[1], sur les alternatives chimiques et non chimiques existantes à l’usage des néonicotinoïdes. Ce rapport, d’une grande rigueur scientifique, constitue un travail complet qui rend compte avec précision de la réalité vécue par les producteurs confrontés à de multiples impasses techniques et à l’absence de solutions [2]. Suite à ce rapport, le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France appelle Annie Genevard à déposer ces prochaines semaines un projet de loi permettant aux filières l’usage des néonicotinoïdes toujours interdits en France mais autorisés partout en Europe.

Un enjeu de compétitivité, voire de survie

Le rapport de l’INRAE met en lumière la lucidité et la responsabilité des filières « toutes engagées dans une démarche active de développement d’itinéraires de protection alternatifs, sous la pression des retraits de matières actives ».Pour autant, cette transition est encore loin d’être aboutie, et le véritable défi consiste aujourd’hui à préserver la compétitivité des filières pour éviter un décrochage productif, voire une mort annoncée.

Le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France partage pleinement cette analyse. Faute de solutions à court terme, pour certaines cultures, le maintien ou l’obtention temporaire de dérogations, notamment pour l’usage de l’acétamipride, demeure indispensable et, dans le cas de la noisette, peut constituer une question de survie pour la filière. Les conditions sont donc pleinement remplies pour le dépôt d’un projet de loi réautorisant sous conditions l’usage des néonicotinoïdes interdits en France mais autorisés partout en Europe.

Une filière pomme fragilisée par le manque de solutions opérationnelles

Le rapport souligne la difficulté croissante rencontrée par les producteurs de pommes pour contrôler efficacement les ravageurs, notamment les pucerons, avec l’arsenal actuellement disponible. La filière redoute un décrochage de ses rendements, faute de solutions suffisantes et de produits de biocontrôle adaptés. Comme le rappelle l’INRAE : « Pour sécuriser la production de pomme sans usage de néonicotinoïdes et en limitant le recours aux pesticides de synthèse, il est indispensable de favoriser l’accès à un panel suffisant de produits et méthodes de biocontrôle et d’adapter les périodes d’application aux points stratégiques du cycle du puceron, notamment la fondation des colonies. La sécurisation réglementaire d’un socle de produits de traitement efficaces (de synthèse ou de biocontrôle) est nécessaire à court terme. »

Une filière noisette « au bord de la faillite »

La filière française de la noisette, déjà affaiblie par plusieurs années de rendements très faibles, et soumise à une forte pression sanitaire, se trouve aujourd’hui dans une situation financière « extrêmement critique ». Le rapport indique que, faute d’alternatives réellement efficaces, « la lutte chimique demeure à ce jour le seul levier opérationnel ». Or, cette lutte repose sur un usage répété de pyréthrinoïdes, dont les effets délétères sur la biodiversité sont connus et qui provoquent la disparition des régulations naturelles au sein des vergers. Face à cette impasse, la filière demande une dérogation temporaire pour l’utilisation de l’acétamipride, le seul insecticide encore capable de préserver la production pendant cette période transitoire.

Enfin, pour le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France, ce rapport marque un grand pas de la recherche publique, particulièrement de l’INRAE, vers des analyses réalistes de la situation des filières agricoles. La parenthèse « Christian Huyghes » et de ses déclarations aléatoires voire idéologiques »  se referme enfin.


[1] Le ministère de l’Agriculture a confié à l’INRAE la rédaction de ce rapport dans un contexte marqué par les vifs débats autour de la proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur des sénateurs Laurent Duplomb et Franck Menonville — et plus particulièrement de son article 2 visant à réintroduire, à titre dérogatoire et sous conditions, l’usage de l’acétamipride, finalement rejeté par le Conseil constitutionnel.

[2] Les auteurs ont pris soin d’aller sur le terrain, à la rencontre des agriculteurs et des responsables professionnels, afin de comprendre les contraintes techniques et économiques réelles. « Des échanges avec les filières ont également été organisés, incluant des missions sur sites, au cours desquels ont été rencontrés des agriculteurs, des responsables de structures professionnelles, des conseillers de chambre d’agriculture et des responsables des Instituts techniques agricoles. ».