Conférences de la souveraineté alimentaire : pression sur les consommateurs et la distribution, oui. Mais qu’en est-il des moyens de production ?
Paris, le 08 décembre 2025 – Alors que la ministre de l’Agriculture vient de lancer, à grand renfort de communication, les Conférences de la souveraineté alimentaire, le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France alerte sur les limites de l’approche d’Annie Genevard : responsabiliser les consommateurs et la grande distribution pour qu’ils privilégient l’origine France ne peut exonérer le gouvernement et le législateur de sa lourde responsabilité sur le manque de moyens de production.
Sur le principe, le Collectif Sauvons les Fruits et légumes ne peut que souscrire au « réveil national » des consommateurs et de la grande distribution, auquel appelle la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, dans une interview pour Les Echos. Mais cette communication ne traduit-elle pas en creux une défaite des gouvernements successifs sur le lourd dossier de la souveraineté agricole française ? Pour rappel, Marc Fesneau avait lancé début 2023 un plan souveraineté fruits et légumes. Depuis, les résultats se font attendre. Pire, notre balance commerciale fruits et légumes ne cesse de se creuser.
Si la mobilisation des consommateurs et de la grande distribution est essentielle, les priorités ne changent pas : simplification des normes de production, abolition des surtranspositions et révision de certains accords de libre-échange. Les débats sur la loi Duplomb et la décision du Conseil constitutionnel qui les a suivi montrent à quel point la barre est difficile à passer pour une seule surtransposition (usage de l’acétamipride) !
Sur le dossier tomates, autre faiblesse de taille de notre balance commerciale fruits et légumes, le gouvernement semble faire la sourde oreille aux demandes de la filière de révision de l’accord de libre-échange UE-Maroc. Résultat : des tonnes de tomates cerises marocaines dans nos supermarchés. Si la ministre déplore avec raison « qu’elle bénéficient parfois de meilleurs emplacements que des tomates cerises locales, et que la marge [de la distribution] se fait sur celles qui sont produites en France », le problème provient essentiellement d’un accord de libre échange ultra favorable aux producteurs marocains, et dont personne ne veut voir la révision.
Face à ces constats, le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France appelle le gouvernement à dépasser les incantations et à agir enfin sur les leviers structurels qui conditionnent notre souveraineté alimentaire. Mobiliser consommateurs et distributeurs ne doit pas servir d’alibi à l’inaction sur la production. Sans soutien réel aux filières, sans révision des accords déséquilibrés et sans allègement des normes qui étouffent les exploitations, la France ne pourra prétendre reconquérir son autonomie. Il est urgent que les Conférences de la souveraineté alimentaire s’attaquent à ces enjeux de fond, faute de quoi elles ne resteront qu’un exercice de communication de plus.
