Interdiction du mancozèbe : les producteurs dans l’impasse

Communiqué de presse

A interdire sans alternative,

on détruit la production de fruits et légumes !

Le 27 octobre 2020 – A l’issue d’un vote le 23 octobre, le Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale de l’Union européenne (Scopaff) vient de se prononcer pour le non-renouvellement du mancozèbe, fongicide largement utilisé sur les productions de fruits et légumes. Une décision unilatérale laissant encore une fois les producteurs complétement démunis en l’absence d’alternatives efficaces et moins impactantes pour l’environnement. 

Le caractère multisite du mancozèbe constitue une solution privilégiée pour lutter contre de nombreuses maladies fongiques en évitant l’apparition de résistances. Dès la saison 2021, son retrait devrait avoir des conséquences économiques graves. En pommier (tavelure), prunier et abricotier (rouille), cerisier (cylindrosporiose), vigne (mildiou et le black rot), pomme de terre (mildiou, alternaria), noyer (anthracnose), le retrait du mancozèbe est une brique de moins dans la protection phytosanitaire déjà très amoindrie. Les seules alternatives sont l’emploi de solutions phytosanitaires « uni-site » avec le risque d’apparition de résistances en quelques années seulement. Pour certaines productions, le retrait du mancozèbe signe un arrêt de mort. Ainsi, en poirier, le mancozèbe est la seule solution contre la rouille grillagée. Son retrait condamne ces vergers à très court terme dans les régions de montagne comme les Alpes (600 ha soit 15% du verger français de poiriers) et à moyen terme sur l’ensemble du territoire.

De nouvelles distorsions de concurrence

Les agriculteurs, pour protéger leurs cultures, favorisent prioritairement des méthodes de lutte respectueuses de l’environnement en privilégiant la lutte intégrée avant toute intervention phytosanitaire.  En cas d’absence de solutions alternatives ou en cas de forte pression d’une maladie ou d’un ravageur, le mancozèbe est, pour la plupart de ces filières, le dernier phytosanitaire de la famille des dithiocarbamate disponible en France.  

Comme souvent, le retrait d’une molécule phytosanitaire ne tient absolument pas compte de la réalité concurrentielle européenne. Ainsi, le metiram, alternative au mancozèbe, est homologué au niveau européen, disponible en Italie, mais interdit en France sur pommiers.

Quelles priorités pour la FNAB ?

Enfin, le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France s’interroge sur les axes de travail des représentants de la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) dont la pression a été déterminante pour l’interdiction du mancozèbe. Comment une fédération de producteurs peut-elle passer plus de temps à obtenir l’interdiction de pesticides conventionnels plutôt qu’à soutenir les demandes de dérogation pour les pesticides essentiels à la production biologique légale sur notre territoire ?