Suppression de produits phytosanitaires : quelles conséquences pour la production de fruits et légumes en France ?

Publication de l’étude d’impact sur la suppression des produits phytosanitaires

 

Suppression de produits phytosanitaires : quelles conséquences pour la production de fruits et légumes en France ? 

12 productions passées au peigne fin

Paris, le 25 avril 2018 – Alors que le gouvernement[1] réunit ce matin les acteurs agricoles pour présenter sa feuille de route « sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides », le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France publie une nouvelle étude d’impact sur la réduction de produits phytosanitaires disponibles dans les productions de fruits et légumes.

Noix, pommes, pêches, oignons, poireaux, pour son étude d’impact 2018, le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France a sélectionné 12 productions représentatives du savoir-faire des producteurs français. Savoir-faire aujourd’hui menacé par de nombreuses impasses techniques parfaitement connues de l’administration.

Dans ce contexte, le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France s’inquiète des annonces qui seront faites par le gouvernement ce matin. Enlever de nouvelles briques à l’édifice de la protection phytosanitaire reviendrait pour beaucoup de producteurs à ne produire que les bonnes années (aux conditions climatiques favorables) voire à mettre la clé sous la porte. Ce désarmement de la protection phytosanitaire engagé par les autorités est particulièrement préoccupant en ce qui concerne les risques nouveaux à caractère invasif[2], ou liés à la réémergence d’anciens risques (Drosophila suzukii en cerises, cynips du Châtaignier, bactérie Pseudomona syringae pv. Actinidiae pour les productions de kiwi).

 

Une dérive démagogique

Les producteurs sont particulièrement stupéfaits de la négation croissante de l’expertise des agences officielles d’évaluation française (ANSES) et européennes (EFSA, EChA) par les instances politiques. Celles-ci décident désormais de l’autorisation ou non d’une substance phytosanitaire en fonction de critères non scientifiques : contexte politique, pressions d’associations environnementalistes militantes, opinion publique du moment. La confusion porte également sur les notions de danger et de risque que l’on pensait définitivement acquises.

La deuxième dérive est une approche technocratique du retrait des substances phytosanitaires qui ne tient pas compte des productions. Les études d’impact sont quasiment inexistantes, bien que la loi issue du Grenelle de l’environnement impose ce type d’étude pour le secteur des fruits et légumes. Paradoxalement, la suppression d’une substance peut avoir pour conséquence l’emploi de plus de produits phytosanitaires !

 

Des productions en régression, une balance commerciale en déficit

La production française de fruits et légumes a naturellement régressé depuis de nombreuses années. La compétitivité des exploitations est en berne. Conséquence, la consommation française devient de plus en plus dépendante des importations. La balance commerciale française est déficitaire en fruits et légumes frais de l’ordre de 4 milliards d’euros en 2017 (2,86 milliards d’euros pour les fruits et 1 milliard d’euros pour les légumes). Pour de nombreux secteurs, la lente régression se poursuit à l’exemple des surfaces de vergers de pêchers/nectariniers : -13 % entre 2011 et 2016 ; les importations représentent 3 fois la production.

Pour le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France, seul un changement radical d’approche des débats sur la protection des cultures permettra de sauver les productions. Ce nouveau paradigme doit impérativement inclure les étapes suivantes : identification des risques et des enjeux production par production, définition de la boite à outils adaptée (prévention, lutte biologique, etc.) et, si nécessaire emploi de substances phytosanitaires dans des conditions clairement définies.

[1] Stéphane TRAVERT, ministre de l’agriculture et de l’alimentation, Nicolas HULOT, ministre d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire, Agnès BUZYN, ministre des solidarités et de la santé, et Frédérique VIDAL, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation

[2] https://www.terre-net.fr/actualite-agricole/economie-social/article/autour-de-la-mediterranee-les-agrumes-risquent-de-disparaitre-202-137119.html

Étude d’impact téléchargeable ici