Définition des critères finaux des perturbateurs endocriniens par la Commission européenne : faudra-t-il bientôt interdire l’huile de neem ?

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Communiqué de presse

Définition des critères finaux des perturbateurs endocriniens par la Commission européenne : faudra-t-il bientôt interdire l’huile de neem ?

Paris, le 17 juin 2016 – La Commission européenne a présenté mercredi dernier les critères finaux qui permettront de caractériser les molécules phytosanitaires actuellement sur le marché comme « perturbateurs endocriniens » ou non. Le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France alerte les pouvoirs publics sur les conséquences d’une définition « hors-sol » de ces critères mettant à mal le peu de solutions de protection à disposition des producteurs.

Suite à la consultation lancée au 2ème semestre 2014, à laquelle a participé le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France, la Commission européenne a présenté mercredi dernier les critères finaux de définition des molécules à effet perturbateur endocrinien. Cette annonce pourrait avoir des conséquences majeures sur le panel d’outils de protection des plantes mis à disposition de la filière fruits et légumes.

L’enjeu est important. Il ne serait en effet pas raisonnable de vouloir bannir, sur la base d’une application excessive du principe de précaution et sans une approche scientifique approfondie, toutes les molécules présentant une action endocrine mais n’ayant pas d’effets néfastes sur la santé humaine. C’est le cas de l’azadirachtine, plus connue sous le nom de « huile de neem » couramment utilisée comme insecticide en agriculture biologique, sur des productions telles que pommes, pêches, cerises et prunes. Celle-ci pourrait, en effet, être interdite du jour au lendemain alors même que les producteurs prennent toutes les précautions d’usage requises ! Cet exemple démontre qu’il y a un véritable risque de voir disparaitre du marché de nombreuses substances actives et de réduire ainsi à nouveau le nombre et la diversité des solutions de protection des plantes.

Pour Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France, l’approche de la Commission européenne aurait dû fournir une base solide pour une prise de décision réglementaire permettant de s’assurer que ces critères sont suffisamment discriminants pour séparer les substances qui sont préoccupantes et qui doivent être gérées avec des mesures spécifiques voire être interdites, de celles qui ne le sont pas. La considération de la notion de puissance endocrinienne est fondamentale. En faisant l’analogie avec la puissance d’un moteur, si l’éthinylestradiol contenu dans la quasi-totalité des formulations modernes des pilules contraceptives combinées est évalué à 1 000 000 cv, alors la puissance du coumestrol que l’on retrouve dans les épinards ou encore dans les choux de Bruxelles serait de 10 000 cv (et celle des pesticides aujourd’hui autorisés de l’ordre de quelques chevaux !!!).

L’enjeu est de placer le curseur au bon endroit : suffisamment protecteur de la population sans qu’une application extrême et inappropriée du principe de précaution soit à l’origine d’entraves, notamment pour le secteur des fruits et légumes.

Né en novembre 2007, le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France constitue un mouvement de citoyens. Il vise à sortir les producteurs de l’impasse réglementaire dans laquelle ils se trouvent. Il rassemble des producteurs issu de l’agriculture biologique et raisonnée de la France entière, membres de toutes les filières et de toutes les sections professionnelles qui, confrontés aux mêmes problèmes, ont décidé de réunir leurs efforts pour sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics aux menaces qui pèsent sur la production hexagonale et aux moyens d’y remédier ; il ne se substitue pas plus qu’il ne concurrence l’organisation traditionnelle de la profession ; il n’a pour but que de la compléter avec le souci, partagé par tous, de l’efficacité. Toutes les cultures de fruits et légumes y sont représentées. Il obtient le soutien de scientifiques, de médecins, mais également de chefs cuisiniers, etc. Il est soutenu par des élus (maires, conseillers généraux et régionaux, députés et sénateurs).